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En Norvège, la supposée « taxe Zucman » aurait-elle vraiment fait fuir les riches ? Décryptage d’une idée reçue

La question de l’impact de la taxe sur la fortune en Norvège, souvent surnommée « taxe Zucman » en référence aux propositions de l’économiste français Gabriel Zucman, suscite des débats passionnés. Certains avancent que l’augmentation de cette imposition aurait conduit à un exode de riches contribuables, tandis que d’autres remettent en question la véracité de cette affirmation. Cet article vise à explorer les faits derrière cette idée reçue.

Comprendre l’assiette de la taxe sur la fortune norvégienne

En Norvège, l’impôt sur la fortune, appelé formueskatt, est redevable lorsque le patrimoine d’un contribuable dépasse 1.760.001 couronnes norvégiennes, soit environ 150.800 euros. À la différence des propositions de la taxe Zucman, qui ciblerait les contribuables dont le patrimoine s’élève au minimum à 100 millions d’euros, cette taxation norvégienne touche un nombre bien plus important de citoyens.

Avec un taux de 1 % pour les patrimoines compris entre 150.800 et 177.388 euros, et un taux de 1,1 % au-delà, près de 11,23 % de la population norvégienne, soit 623.423 contribuables, s’acquittaient de cet impôt en 2022. En 2023, ce chiffre a légèrement augmenté, atteignant 654.947. Cela démontre une fiscalité bien plus ouverte que celle envisagée par les partisans de la taxe Zucman en France, qui se proposait d’imposer une infime fraction des plus fortunés.

Les allégations de fuite des riches : quelles réalités ?

En 2022, une hausse du taux de l’impôt a été mise en place, provoquant des craintes quant à un exode de contribuables aisés. Des données fournies par le ministre des Finances indiquent que 82 ultra-riches ont quitté la Norvège, entraînant des spéculations sur les pertes fiscales potentielles de l’État. Ces départs ont été estimés à environ 381 millions d’euros, un chiffre largement relayé sur les réseaux sociaux.

Cependant, il est crucial de rester prudent face à ces chiffres, car le calcul des pertes fiscales basé uniquement sur l’estimation du patrimoine brut des exilés ne prend pas en compte les nombreuses déductions possibles, qui peuvent réduire significativement les montants imposables. En d’autres termes, les départs pourraient ne pas avoir eu l’impact dévastateur sur les finances publiques qu’indiquent certaines analyses superficielles.

Un contexte complexe : d’autres facteurs à considérer

Comme le souligne l’économiste Moene, d’autres éléments peuvent expliquer cette mobilité observée des riches Norvégiens. En effet, en parallèle de l’augmentation de l’impôt sur la fortune, une disposition fiscale permettait d’échapper à certaines impositions sur les dividendes et plus-values après cinq ans passés hors du pays. Cela a pu inciter les contribuables à envisager l’exil comme une stratégie financière.

Les déménagements des riches Norvégiens vers des pays à fiscalité plus douce, tels que la Suisse, ne peuvent donc pas être attribués uniquement à l’augmentation du taux de l’impôt sur la fortune. La question de la rentabilité fiscale et de la compétitivité globale du système fiscal norvégien doit également être examinée pour comprendre les motivations derrière ces mouvements.

Les conséquences fiscales : entre méfiance et projections positives

Les craintes exprimées concernant le manque à gagner pour l’État norvégien pourraient également exagérer les dommages financiers réels causés par ces départs. Ainsi, en 2022, le formueskatt a rapporté 27 milliards de couronnes (environ 2,3 milliards d’euros) aux caisses publiques, montant qui a augmenté en 2023 pour atteindre 30 milliards de couronnes. Les prévisions pour 2025 indiquent même une hausse potentielle à 34,8 milliards de couronnes (près de 3 milliards d’euros).

Ces chiffres suggèrent que malgré les départs de certains contribuables riches, l’impôt sur la fortune continue de générer des revenus substantiels pour l’État norvégien. De plus, le mécanisme fiscal norvégien, qui inclut plusieurs déductions, contribue à réduire l’impact de l’augmentation du taux d’imposition sur le patrimoine.

Conclusion : une évaluation rigoureuse et nuancée nécessaire

En somme, la notion selon laquelle la hausse de l’impôt sur la fortune en Norvège a entraîné une fuite massive des riches mérite d’être examinée avec rigueur. Les chiffres évoqués par certains graphismes circulant sur les réseaux sociaux semblent manquer d’une analyse approfondie, et il est indispensable de considérer l’ensemble du contexte fiscal norvégien pour comprendre les réalités derrière cette taxe sur la fortune.

Pour une compréhension plus détaillée et nuancée sur les implications de la taxe Zucman comparée au modèle norvégien, des lectures supplémentaires peuvent être trouvées ici, ici et ici.

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