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Les coulisses du financement discret : comment la culture russe soutient l’effort de guerre contre l’Ukraine

La culture russe joue un rôle inattendu dans le soutien à l’effort de guerre en Ukraine, allant au-delà des arts et du divertissement. Des figures emblématiques du cinéma, comme le réalisateur Karen Chakhnazarov, s’engagent de manière active en soutenant la mobilisation militaire, tout en utilisant des structures de financement opaque. Cet article explore les différentes manières dont le secteur culturel contribue à cet effort, souvent dans l’ombre et à travers des mécanismes complexes.

Le soutien explicite de figures culturelles

Le 13 novembre 2024, une rencontre symbolique entre Vladimir Poutine et le réalisateur Karen Chakhnazarov au Kremlin a mis en lumière l’engagement des professionnels du cinéma en faveur de l’effort de guerre. Chakhnazarov, patron du studio Mosfilm, a ainsi annoncé avoir fourni d’importants matériels militaires, dont des chars et des véhicules blindés, pour soutenir l’armée. Ce type d’initiative n’est pas isolé dans le paysage culturel russe, où de nombreuses personnalités se sont exprimées en faveur d’un patriotisme militaire.

Ce soutien est souvent amplifié par les médias d’État, qui relayent ces contributions comme des actes de bravoure patriotique. Les discours de figures comme Chakhnazarov véhiculent un message fort, galvanisant non seulement le public mais également d’autres acteurs du secteur privé à se mobiliser financièrement pour la guerre, créant ainsi un écosystème de soutien autour de l’effort militaire.

Les achats publics des institutions culturelles

Une analyse de Radio Svoboda a révélé que Mosfilm, fondé en 1924, a effectué des acquisitions significatives en matériel militaire entre juin 2024 et octobre 2025, totalisant près de six millions de roubles, soit environ 66 400 euros. La liste des équipements comprend des drones de haute technologie, tels que les DJI Mavic 3T, et des systèmes de guerre électronique, tels que des dispositifs antidrones. Ces investissements soulèvent des questions sur l’utilisation de fonds publics par des institutions culturelles pour des achats non conventionnels.

Bien que ces acquisitions puissent sembler destinées à des productions cinématographiques, leur nature spécifique en souligne une autre réalité. L’utilisation de budgets destinés aux institutions culturelles pour financer des équipements militaires est facilitée par un décret adopté en 2022, qui permet aux organismes publics de faire des achats à double usage. Ce changement a permis d’élargir le financement aux équipements militaires sous couvert d’initiatives culturelles.

Les conséquences sur le paysage culturel et médiatique

Le rôle de la culture dans le soutien à l’effort de guerre ne se limite pas aux contributions financières. L’image de personnalités influentes utilisant leur plateforme pour soutenir la guerre modifie profondément le paysage culturel et médiatique en Russie. Les initiatives soutenues par ces figures sont souvent célébrées, tandis que les critiques à l’égard de la guerre sont sévèrement réprimées.

Cette dynamique a fait surgir une culture du silence autour des voix dissidentes dans le secteur artistique, renforçant des valeurs patriotiques dans les productions cinématographiques et télévisuelles. Ainsi, cette propagande subtile contribue à solidifier une narrative qui lie la culture à l’effort de guerre, rendant extrêmement difficile la remise en question de cet engagement dans un climat de censure.

Le financement à travers les projets culturels

Les projets culturels en Russie se voient de plus en plus intégrés dans un système de financement qui bénéficie indirectement des tensions militaires. De nombreux artistes et producteurs profitent d’une vague de soutien gouvernemental pour mettre en avant des récits glorifiant l’engagement militaire et historique. Ce soutien se manifeste par des subventions, des allocations budgétaires et des avantages fiscaux offerts par les autorités.

Dans ce cadre, des films et des spectacles visant à renforcer le soutien au régime en place et à l’effort de guerre sont souvent perçus comme essentiels au bon fonctionnement du secteur culturel. Cette interconnexion entre l’art et le financement militaire soulève des interrogations critiques concernant la liberté de création et l’intégrité des œuvres produites dans un tel climat.

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