La ville de Longwy, située dans le département de Meurthe-et-Moselle, se prépare à réintroduire la taxe sur les terrasses en 2025, après une suspension de quatre ans due à la pandémie. Cette mesure, loin d’être anodine, s’inscrit dans un processus plus large de transformation urbaine qui tend à devenir préoccupant, en faisant de Longwy un espace de plus en plus élitiste et moins accessible. Cette évolution soulève de sérieuses interrogations sur le devenir de la ville et la qualité de vie de ses habitants.
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Un retour aux sources fiscales : la taxe terrasse
La réforme prévue de la taxe terrasse vise à générer des recettes supplémentaires pour financer différents projets d’aménagement urbain. Cependant, en rétablissant cette imposition, la municipalité semble négliger les besoins des petites entreprises locales, souvent déjà contraintes de jongler avec des charges fiscales élevées. Les établissements de restauration et de loisirs, qui ont été particulièrement touchés par la crise économique, pourraient être durement impactés par cette nouvelle pression financière.
La remise en œuvre de cette taxe relèverait d’une volonté d’augmenter l’attractivité de la ville en favorisant un tourisme transitoire. Cependant, ce modèle économique reste controversé, car il pourrait signifier une exclusion progressive des habitants épris d’authenticité au profit d’une clientèle plus aisée, dont les besoins ne reflètent pas nécessairement ceux de la communauté locale.
La transformation urbaine : un aménagement pour qui ?
L’initiative visant à réintroduire la taxe terrasse s’inscrit également dans un projet d’aménagement et de développement durable (PADD) qui modifie le visage de Longwy. Les Terrasses de la citadelle, un projet récent, en est un exemple criant, avec trois nouveaux bâtiments, qui, sous couvert de modernité, pourraient bien favoriser une dynamique résidentielle élitiste.
Cette mutation urbaines soulève d’énormes enjeux sociaux. À quel prix cette transformation est-elle effectuée ? La multiplication de constructions destinées à une clientèle aisée pourrait générer une véritable gentrification de Longwy, provoquant ainsi une dégradation des services et infrastructures destinés aux plus modestes. La situation des quartiers populaires nécessite un investissement régulier, or, le phénomène d’eurocompétition tend à négliger ces secteurs névralgiques.
L’accès à l’espace public : un enjeu fondamental
Les réformes associées à l’urbanisme de Longwy mettent en exergue l’importance d’un espace public accessible à tous. Or, avec l’instauration de la taxe terrasse, le risque est grand de restreindre l’accès à cet espace au profit de ceux prêts à débourser davantage pour profiter des équipements urbains. En outre, la population la plus démunie pourrait se voir forcée de renoncer à certains lieux emblématiques de convivialité.
À travers ce schéma, Longwy pourrait devenir une ville où seuls les plus fortunés trouveraient leur compte. Ce changement pose la question de la nature du luxe que l’on souhaite promouvoir : est-il souhaitable de développer des environnements qui ne garantissent plus une réelle mixité sociale ? La ville pourrait ainsi perdre son âme, en se transformant en un lieu d’exclusion déguisée.
Implications financières : une gestion à repenser
Sur le plan financier, la réintroduction de la taxe sur les terrasses pourrait être perçue comme une opportunité pour renflouer les caisses municipales. Cependant, cette approche présente un risque d’augmentation des inégalités et d’endettement pour de nombreux petites entreprises déjà en difficulté.
La situation actuelle nécessiterait davantage un changement de perspective. Plutôt que de financer des projets qui pourraient alimenter une logique de compétition entre villes, il serait pertinent et socialement responsable de favoriser les initiatives visant à revitaliser les zones délaissées, à créer des emplois et à renforcer les organisations locales.