Norvège : Exploration du plus ancien et du plus élevé des impôts sur la fortune – Épisode 1 sur 5
La Norvège, célèbre pour son modèle de bien-être social, impose depuis près de 150 ans une taxe sur la fortune qui attire l’attention à l’échelle internationale. Prélevée sur le patrimoine net des résidents, cette taxe s’applique à diverses catégories d’actifs et constitue un enjeu de débat important tant pour l’économie que pour la justice sociale. Dans cet article, nous vous proposons d’explorer les spécificités de cet impôt et son impact sur la société norvégienne.
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Origine et fonctionnement de la taxe sur la fortune en Norvège
Inaugurée en 1892, la taxe sur la fortune norvégienne est l’un des plus anciens impôts en vigueur au monde. Elle est calculée sur la base du patrimoine net, qui comprend la valeur des biens immobiliers, de l’épargne, des d’investissements et des actions, déduction faite des dettes. À partir d’une valeur d’environ 145 000 euros, un taux d’imposition de 1% est appliqué, tandis qu’un taux maximum de 1,10 % s’applique dès que le patrimoine dépasse les 1,8 million d’euros.
Une particularité de cette taxe réside dans le fait qu’elle prend en compte les gains latents, c’est-à-dire les bénéfices non réalisés. En d’autres termes, même lorsque les actifs, comme des actions, n’ont pas été vendus et que les gains ne figurent pas comme liquidités sur un compte bancaire, ils sont soumis à ce qu’on appelle l’exit tax. Ce mécanisme oblige les résidents qui souhaitent quitter le pays à s’acquitter d’une imposition sur la valeur de leurs actions ayant pris de la valeur, ce qui préfigure des propositions similaires en France.
Les enjeux économiques et sociaux de cet impôt
La question de la fuite des capitaux a suscité un vif débat en Norvège. En 2022, environ 30 milliardaires et multimillionnaires ont quitté le pays, à un moment où cette taxe a été durcie. Beaucoup d’entre eux ont choisi des destinations avec des régimes fiscaux plus favorables, tels que la Suisse. Un rapport de Henley & Partners prévoit que, d’ici 2025, 150 fortunes, dont le patrimoine dépasse 1 million de dollars, quitteront la Norvège.
Cependant, malgré ces signalements d’exode fiscal, le phénomène reste relativement limité. La Norvège continue de percevoir d’importantes recettes provenant de cet impôt, qui sont passées de 1,5 milliard d’euros en 2021 à 2,7 milliards d’euros en 2022. Selon ses défenseurs, cet impôt joue un rôle crucial dans le financement de l’État-providence, contribuant à maintenir des niveaux d’inégalités parmi les plus bas d’Europe.
De vifs débats autour de la fiscalité des grandes fortunes
La taxe sur la fortune en Norvège fait l’objet de débats intenses, notamment lors des dernières élections législatives. Les partis de droite affirment que cet impôt constitue un frein à l’entreprenariat et à la croissance économique. Ils plaident pour des réductions fiscales, voire l’abrogation totale de cette taxe. À l’inverse, les partis de gauche voient dans cet impôt un outil de redistribution et un vecteur de justice sociale, affirmant que taxer les plus riches est un choix fondamental pour construire une société plus équitable.
Ce clivage politique souligne des approches très différentes concernant la gestion du patrimoine et la responsabilité sociale des plus fortunés. Alors que la droite argue sur ce qui est perçu comme un obstacle à l’innovation, la gauche s’appuie sur l’idée que cet impôt s’inscrit dans une vision longue et durable du bien-être collectif.
Les impacts de cette taxe sur la société norvégienne
D’un point de vue sociétal, l’impôt sur la fortune est perçu par certains comme un moyen efficace de limiter les inégalités. Il a contribué à faire de la Norvège une nation avec un fort système de protection sociale, garantissant des services publics de qualité. Ce modèle est souvent cité en exemple, même en dehors des frontières norvégiennes, pour sa capacité à créer une dynamique économique tout en maintenant des niveaux de vie élevés pour l’ensemble de la population.
Toutefois, il est indéniable que ce système fiscal engendre des frustrations, notamment parmi les plus riches, qui voient cet impôt comme un poids supplémentaire sur leurs investissements. Cette situation soulève des questions sur l’équilibre à trouver entre la nécessité de financer des biens publics et le désir d’attirer et de retenir les talents et les capitaux dans le pays.

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