Au Cambodge, les discussions autour du salaire minimum pour les ouvriers du secteur textile, de la chaussure et des articles de voyage ont révélé un fossé important entre les revendications des travailleurs et les propositions des employeurs. Alors que les ouvriers réclament un salaire minimum de 218 dollars à partir de 2026, les employeurs s’opposent fermement à toute augmentation en souhaitant maintenir le niveau actuel à 208 dollars. Les négociations, qui se poursuivent au sein du Conseil national du salaire minimum, restent compliquées.
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Les positions des ouvriers et des employeurs
Les ouvriers, représentés par leurs syndicats, insistent sur la nécessité d’un salaire minimum de 218 dollars mensuels. Ils justifient leur demande par l’augmentation des coûts de la vie, arguant que le salaire actuel est insuffisant pour répondre à leurs besoins fondamentaux. D’autre part, les employeurs, tout en reconnaissant les défis économiques, défendent le maintien du salaire à 208 dollars, soulignant que toute augmentation pourrait avoir des conséquences néfastes sur la compétitivité du secteur.
Au cours de la dernière réunion tripartite, qui a eu lieu le 3 septembre, les représentants des trois parties ont eu l’occasion de présenter leurs arguments respectifs. Malgré une ambiance professionnelle, aucun accord n’a été trouvé, laissant la situation dans une impasse. Ce climat de tension s’inscrit dans la continuité de discussions qui ont déjà eu lieu lors de précédentes réunions.
Le contexte économique et ses conséquences
Depuis 1997, le salaire minimum au Cambodge a évolué de 40 à 208 dollars, mais des études récentes indiquent que ce montant ne suffit plus pour une vie décente. Selon l’ONG LICADHO, pour vraiment subvenir aux besoins essentiels, un revenu minimum de 232 dollars serait nécessaire. Cette situation alarmante est corroborée par diverses organisations de la société civile, qui s’unissent pour rappeler l’urgence d’une réévaluation salariale.
Les ouvriers sont en effet confrontés à des défis majeurs, notamment l’inflation galopante, l’augmentation des prix des biens de consommation, et des dettes croissantes. De plus, les mesures d’austérité au sein des entreprises, telles que la réduction des heures supplémentaires, ajoutent une pression supplémentaire sur leurs finances. La situation économique actuelle, couplée avec des tensions régionales comme le conflit frontalier avec la Thaïlande, complique encore leur quotidien.
Le processus de négociation et les perspectives d’avenir
À ce jour, le processus de négociation a conduit à un total de 11 réunions, impliquant différentes configurations : deux réunions tripartites, trois bilatérales entre employeurs et travailleurs, ainsi que plusieurs rencontres internes. Les discussions se poursuivent et la prochaine réunion tripartite est déjà programmée pour le 10 septembre.
Historiquement, ces négociations aboutissent souvent à des compromis, souvent jugés insatisfaisants par les syndicats. Il n’est pas rare que le Premier ministre intervienne pour octroyer une augmentation modeste, permettant à chacun de sortir de la crise sans véritablement résoudre les enjeux fondamentaux. Ce système de compromis invite à une réflexion plus profonde sur le bien-être des travailleurs et sur les moyens d’améliorer réellement leurs conditions de vie.