Une hausse du PIB de 3,5% et une explosion de 82% du SMIC en 10 ans : La France peut-elle s’inspirer du ‘miracle espagnol’ sans compromettre l’emploi ?

Au cours des dernières années, l’Espagne a connu une croissance économique remarquable et une augmentation marquée de son salaire minimum (SMIC), ce qui soulève des questions sur la capacité de la France à imiter ce modèle. Avec une hausse du PIB de 3,5% en 2024 et une augmentation du SMIC de 82% depuis 2015, l’Espagne semble avoir trouvé une solution à ses défis économiques. Cependant, la France, avec un contexte différent en termes de coût du travail et de productivité, doit réfléchir aux implications d’une telle stratégie. Cet article examine les leçons que la France pourrait tirer du développement économique espagnol tout en considérant les risques pour l’emploi.

Croissance du PIB : Un signe prometteur

En 2024, l’Espagne prévoit une croissance du PIB de 3,5%, bien supérieure aux prévisions de la France, qui n’atteindrait que 1,2%. Cette dynamique témoigne d’un environnement économique favorable qui a permis des investissements et un développement durable. Un PIB en hausse est souvent synonyme de confiance des entreprises et des consommateurs, favorisant ainsi la création d’emplois.

Au-delà de ces chiffres, il est important de comprendre les secteurs clés ayant contribué à cette croissance économique. Des réformes structurelles, une amélioration des conditions d’investissement et une meilleure approche dans le secteur du travail ont permis à l’Espagne de bénéficier d’un climat économique positif.

L’augmentation du SMIC : Un impératif social ou une menace pour l’emploi ?

Depuis 2015, l’Espagne a augmenté son SMIC de 82%, avec une progression de 22% rien qu’en 2019. Cette décision a pour objectif d’améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs et de réduire la pauvreté. Toutefois, cette hausse massive soulève des inquiétudes quant à son impact potentiel sur l’emploi. La France, avec une augmentation plus modeste de seulement 24% durant la même période, doit donc se poser la question : une telle stratégie serait-elle viable sur son sol ?

Selon l’économiste Eric Dor, augmenter le SMIC sans prendre en compte le coût du travail et la productivité risque d’entraîner des pertes d’emplois. L’Espagne a réussi à mettre en œuvre sa stratégie sans compromettre l’emploi, mais ce contexte spécifique pourrait ne pas être facilement transposable à la France.

Coût du travail : Un défi à surmonter

La France est le cinquième pays de la zone euro avec le SMIC le plus élevé, s’élevant à 1.802 euros bruts en 2025. En revanche, l’Espagne affiche un SMIC de 1.381 euros, bien que celui-ci ait connu une forte hausse ces dernières années. Un coût du travail moins élevé en Espagne (25 euros de l’heure contre près de 44 euros en France) permet au pays d’attirer plus d’entreprises et d’investissements, essentiel pour stimuler la création d’emplois.

D’un autre côté, la France doit composer avec des charges sociales plus élevées qui augmentent le coût salarial. Ceci constitue un frein pour les entreprises qui envisagent d’embaucher. Pour contrer cette situation, la France pourrait envisager de réduire les cotisations sociales ou d’augmenter les investissements dans des secteurs stratégiques.

Productivité : Un levier essentiel

La productivité est un élément clé pour établir un équilibre entre augmentation des salaires et préservation des emplois. En France, la valeur ajoutée par heure travaillée est comparable à celle de l’Allemagne, révélant un potentiel qui pourrait permettre des hausses de salaire sans compromettre l’emploi. Cependant, il est crucial de noter que le ratio entre valeur ajoutée créée et SMIC est plus favorable en Espagne.

Pour améliorer la productivité, la France doit adopter des politiques orientées vers la formation professionnelle et l’innovation. L’encouragement à l’adoption de nouvelles technologies pourrait également contribuer à maximiser la valeur ajoutée et créer un environnement propice à des salaires plus compétitifs, tout en préservant l’équilibre sur le marché du travail.

Conclusion : Apprentissage et adaptation

Les données espagnoles présentent une opportunité pour la France de repenser sa stratégie économique. Cependant, il est essentiel que la France s’adapte en tenant compte des spécificités du marché du travail, du coût du travail et de la productivité. Une approche balancée visant à réaliser des ajustements prudents dans les politiques salariales pourrait permettre d’éviter des pertes d’emploi tout en apportant une amélioration significative du pouvoir d’achat. La leçon essentielle à retenir semble être que l’on ne peut pas simplement reproduire un modèle réussi sans en analyser minutieusement les fondements et les implications sur le marché de l’emploi.