La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a récemment évoqué une comparaison entre la taxe Zucman et une réforme fiscale britannique, suggérant qu’une mesure similaire aurait entraîné le départ de 1 400 foyers riches du Royaume-Uni. Cette déclaration soulève des interrogations sur la véracité de ces chiffres et leur interprétation, ainsi que sur les impacts réels d’une telle réforme sur la fiscalité des ultrariches.
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La déclaration d’Amélie de Montchalin
Dans ses commentaires, Amélie de Montchalin a mis en avant le cas britannique pour étayer son opposition à une taxe Zucman, qui prône l’imposition des ultrariches. Elle a souligné que la mise en place d’une mesure analogue au Royaume-Uni a conduit à une fuite présumée de capitaux et de résidences parmi les plus fortunés du pays. Selon elle, près de 1 400 foyers auraient quitté le territoire alors que le gouvernement entame l’introduction de cette réforme fiscale.
Cependant, les preuves soutenant ces affirmations sont contestées. En effet, de nombreuses sources indiquent qu’il n’existe pas de données officielles probantes pour confirmer ce chiffre avancé par la ministre. Cela soulève des questions sur la fiabilité des statistiques utilisées pour justifier l’inquiétude face à une potentielle exode des milliardaires français.
Le contexte de la réforme britannique
La réforme fiscale dont parle Amélie de Montchalin concerne les non-doms au Royaume-Uni, un statut fiscal qui permet aux étrangers de vivre dans le pays tout en ne payant pas d’impôt sur les revenus gagnés à l’étranger. Ce statut a été modifié récemment pour limiter son bénéfice à une durée de quatre ans, au lieu de quinze. En conséquence, cette évolution vise à taxer davantage les grandes fortunes locales et internationales.
Malgré les préoccupations concernant un éventuel exil fiscal, certains économistes, dont Gabriel Zucman, affirment que les liens culturels et familiaux des résidents britanniques rendent ce groupe de non-doms moins comparable à ceux visés par la taxe Zucman en France. Le débat sur les départs est ainsi compliqué par des facteurs multiples et un manque de données claires sur les motivations de ces mouvements.
Analyse des effets réels de la réforme britannique
Le débat autour des conséquences de la réforme britannique est alimenté par des résultats d’études qui suggèrent que seule une minorité des non-doms prévoit réellement de quitter le Royaume-Uni. Bien que certaines estimations avancent un pourcentage de départs d’environ 12 à 25 % parmi les 74 000 résidents non-domiciliés, ces chiffres restent à vérifier compte tenu de leur nature prévisionnelle.
En outre, la discussion sur la fuite de capitaux se complique. Le montant de 110 milliards de livres, mentionné par Amélie de Montchalin, semble également provenir d’une interprétation d’histoires d’avocats de haute fortune, sans sourçage concret des avoirs qui auraient effectivement quitté le pays. Le manque de données s’avère être un obstacle majeur à la quantification des effets réels de la réforme.
Les implications pour la France
Le discours de la ministre française sur les risques de fuite en réponse à une taxe Zucman rejoint une préoccupation plus large dans le débat public concernant comment impliquer les ultrariches dans le financement des services publics. Les analyses suggèrent que la proposition de Zucman pourrait ne s’appliquer qu’à environ 1 800 foyers fiscaux, limitant ainsi l’impact direct d’une telle taxation.
En parallèle, des économistes et des experts juridiques continuent de débattre des conséquences possibles d’une taxe sur les ultrariches en France. Par une taxation adaptée, certains estiment qu’il serait possible de gagner significativement des revenus pour l’État, ce qui a mené à la suggestion d’un impôt plancher de 2 % sur le patrimoine des plus riches, bien que ce projet ait été écarté du budget 2026 présenté par le gouvernement.